Le nombre de fonctionnaires en hausse continue depuis 25 ans. Les chiffres alarmants du dernier rapport de l’INSEE.

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Le nombre de fonctionnaires en hausse continue depuis 25 ans. Les chiffres alarmants du dernier rapport de l’INSEE.

Souvenez-vous en 2012, lors du meeting du 22 janvier au Bourget, le candidat Hollande présentait ses intentions de réforme pour la Fonction publique, proclamant que « le nombre de fonctionnaires n'augmentera pas » et assurant qu’ « il n'y aura pas de postes supplémentaires créés dans la fonction publique d'État ». Le résultat trois ans plus tard ? Le dernier rapport de l’INSEE de décembre 2014 sur l’emploi dans la Fonction publique en France au 31 décembre 2013 (oui, les statistiques aussi ça vient quand ça peut dans l’administration !) dévoile un constat alarmant : l’augmentation du nombre d’agents de l’État a finalement été cinq fois plus forte qu'en 2012 (+1,5 %), ce qui porte le nombre d'agents publics à 5,6 millions de salariés en incluant les contrats aidés (5,38 millions sans lesdits contrats). Une réelle flambée du nombre de fonctionnaires donc que l’on atteste dans les trois entités (Fonction publique d’État, territoriale et hospitalière)

 

Le nombre de fonctionnaires en France et leur gestion ruineuse sont depuis plusieurs années un leitmotiv des rapports annuels de la Cour des Comptes et de l'Inspection des Finances qui ne cessent de pointer ces effectifs pléthoriques, ainsi que l’engourdissement et l’absence de vision stratégique de l’État sur cette question. Didier Migaud, Président de la Cour des Comptes et socialiste, propose lui-même au gouvernement de réactiver « le levier de la baisse des effectifs, porteur d'économies importantes » dont l’État a besoin. On peut donc s’inquiéter à juste titre quand on voit que ce nombre est en hausse continue depuis les années 1980. Les effectifs de la Fonction publique ont de fait augmenté de 74 % entre 1980 et 2014, alors qu’en comparaison l'emploi en France n’a progressé en tout que de 18 % !

Si le dessein de cet article n’est pas de dénigrer les fonctionnaires, ni leur travail indispensable dans notre société, il convient de s’interroger sur cet appel constant à une baisse du nombre d’agents publics, souhaitée finalement aussi par la majorité, et au coût réel qu’ils représentent dans une société française qui tend à créer ses propres privilèges malgré l’abolition du 4 août 1789. François Hollande s’était engagé à stabiliser ces effectifs au cours de son mandat ; s’il y a eu redistribution au détriment de certains (comme le ministère de la Défense, ce dont l’État s’est mordu les doigts après les attentats de janvier), on constate finalement un immobilisme atterrant et de beaux tours de passe-passe illusionnistes de la clique d’énarques éloquents qui ne font finalement que brasser du vent en redistribuant astucieusement les postes sans vraiment en supprimer.

En s’attardant sur les chiffres, on sait qu’en 2008, les trois fonctions publiques employaient au total 5,2 millions d’agents, dont près de la moitié (2,5 millions) pour l’État. Cela représente un peu plus de 20% de l’emploi total en France. Aujourd’hui, les fonctionnaires représentent 24% de la population active française, ce qui veut dire que près d’un Français sur quatre participe du secteur public. La forte progression de l’année 2013 (+1,5%) s’explique en partie par l’augmentation conséquente des contrats aidés (+ 48 000 personnes et + 36 %) ; ces emplois d’avenir créés fin 2012 ont été mis en place pour aider les jeunes à s’insérer dans le marché du travail. Il n’empêche que la hausse des effectifs est de 2,0 % dans la fonction publique territoriale et de 1,7 % dans le versant hospitalier.

Dans la fonction publique de l’État, l’illusion d’une baisse dans les ministères (de -0,3%) est largement compensée par des transferts vers des établissements publics comme les Voies Navigables de France pour le ministère de l’Écologie. En fait, la suppression de postes n’existe pas dans les faits, si ce n’est pour le ministère de la Défense qui s’est défait de 7000 personnes en un an (- 3 %), alors que 11 000 postes étaient créés à l’Éducation nationale. Moins de sécurité, mais plus de pédagogues guidés par Vallaud-Belkacem ! Dans la Fonction publique hospitalière, on constate surtout une hausse des effectifs d’infirmiers en soins généraux et d’aides-soignants (+ 1,4 %), le recrutement concernant davantage les EHPAD et autres centres médico-sociaux que les hôpitaux.

Mais surtout, du fait de la décentralisation toujours plus marquée, les effectifs les moins bien contrôlés sont ceux de la Fonction publique territoriale (communes, départements et autres régions) qui progressent de 2,0 %. Année préélectorale forcément, même si les mairies se sont défendu de lier cette hausse de l’emploi aux élections municipales, justifiant surtout d'une politique sociale, les recrutements sont repartis fortement à la hausse en 2013. L’augmentation est particulièrement dynamique dans les regroupements de services au sein d'organismes intercommunaux (+ 5,0 %), sans pour autant tailler dans le personnel des municipalités.

La Fonction publique atteint donc aujourd’hui plus de 23 % de la dépense publique totale ce qui représente 13,5 % du PIB. Le secteur privé peine à soutenir ces régimes de plus en plus dispendieux quand on sait que la carrière puis la retraite d’un fonctionnaire coûte en moyenne 1,5 million d’euros aux contribuables. Si même à effectifs constants, la masse salariale de l'État augmente mécaniquement de 750 millions par an, selon la Cour des comptes, il faut être conscient que « la seule mesure qui aurait un impact budgétaire très important à court terme serait le gel temporaire des avancements ». Hélas ! Ce bon vieux système de grille indiciaire avec avancement continu est coriace, et stopper ces augmentations automatiques à l'ancienneté provoquerait une levée de boucliers chez les fonctionnaires. Notre gouvernement toujours plus frileux aurait tort de se les mettre à dos ; on préfère faire illusion, ne pas trop s’attarder sur les chiffres. Après tout on ne change pas une méthode qui perd.

 

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