"On vit une époque formidable"
Un de mes honorables correspondants m'a fait observer récemment une petite évolution sémantique assez révélatrice et qui est passée comme un rien. En effet, les vacances de la Toussaint sont officiellement devenues "congés d'automne", celles de Noël les "congés d'hiver" et celles de Pâques les "congés de Printemps".
Ce ne sont pas tellement les dénominations retenues qui interpellent, mais bien la motivation officielle de cet important progrès sémantique qui est " de ne pas choquer certaines communautés". Cela s'inscrit dans un processus assez inquiétant (mais comme je suis un "néo-réac" affirmé, il serait inquiétant et anormal que je ne m'inquiétasse point...) qui amène notre chère ministre de la rééducation nationale à vouloir instaurer dorénavant, au lieu et place d'une très ringarde, pour ne pas dire rance et à la limite nauséabonde "Histoire de France", ce concept audacieux, pluriel et donc progressiste de "l'histoire des France(s)".
Je confesse avoir eu un énorme intérêt pour cette idée assez réactionnaire qui consiste à s'intéresser à ses racines et aux événements qui ont construit notre pays et notre nation. Une France qui, il y a peu de temps encore, était fière de ses abbayes, de ses châteaux, ou pire de ses cathédrales, voire même d'un art de vivre délicat (en fait décadent) qui avait contribué à quelques grandes avancées pour l'humanité (les vins, le foie gras, les fromages dont certains ont des noms de saints), de ses livres mettant en cause et discutant parfois avec talent les dogmes successifs, et plein d'autres choses encore qu'il serait trop long de citer.
Je crains d'avoir beaucoup de mal à supporter encore très longtemps cette coulée boueuse et destructrice confite de ce que certains osent appeler le" Progrès" (avec un grand P comme dans "Progressiste") alors qu'elle n'est qu'une incitation molle et à peine camouflée à renoncer à ce que nous sommes, c'est à dire les héritiers d'une civilisation complexe qui a construit petit à petit un peuple d'hommes dont l'un des buts était d'être aussi libres que possibles ; pour éviter toute mise en cause par ma fille, je précise ici que le mot "homme" est pris dans son sens large et commun et non comme "différenciant négatif".
Pour en terminer avec un propos qui, je l'espère, ne vous a pas trop ennuyé (je vous rassure, il n'y en aura pas beaucoup d'autres ...), je ne résiste pas au plaisir un peu sournois de vous citer cette phrase d'une des inspiratrices de notre rééducatrice en chef sur les programmes d'histoire, docte historienne pour laquelle :
"Il nous faut des Frances dans leur temporalité multiple, dans leur possible désajustement par rapport au continuum événementiel "
Comme disait récemment une idole (très surévaluée vu son peu de talent) des suppôts de " l'Empire du Bien" : "Indignez-vous !"
Pour conclure avec un petit sourire (on est réac ou on ne l'est pas), je propose que l'un des mots d'ordre de cette indignation soit :
" Touche pas à mon Père Noël "
En effet, on ne sait pas si la prochaine repentance à laquelle nous devrons souscrire ne sera pas d'amener les masses "intoxiquées" par des siècles de propagande "judéo-christiano-germano-scandinavo et autres" à renoncer à la célébration de ce personnage horriblement masculin et manifestement pas assez pluriel. Cette célébration, si elle se maintenait, risquerait en effet "de choquer certaines communautés" et on peut donc avancer que dans quelques mois ou années les "Progressistes" trouveront là un enjeu de taille à leur combat pour l'humanité... et contre les "Forces du Mal".
Comme l'écrivait Alexandre Vialatte (qui à mon humble avis serait aujourd'hui victime d'une fatwa type Charlie...) : " Et c'est ainsi qu'Allah est grand".
Et moi, je vous souhaite une bonne soirée, avec si possible un verre de Saint Estéphe, de Saint Romain voire de Saint Amour et un morceau de Saint Nectaire ou de Saint Marcellin, que vous consommerez avec respect, un peu de nostalgie et bien sûr une évidente modération.
Le 21 octobre 2015