De quoi Hamon est-il le nom ?
On s’est gaussé de l’imprécision du nombre d’électeurs ayant participé à la primaire de la gauche. Etaient-ils 2 millions, étaient-ils 1,5 millions, il est vrai que cela fait une petite différence. Monsieur Cambadelis qui n’a jamais été très précis ni avec ses diplômes, ni avec la réalité des emplois qu’il a occupés, ne l’est pas non plus avec les chiffres, dont la manipulation – rappelons-nous le congrès de Reims- est tout de même une grande tradition socialiste. Certains demandent sa démission, mais est-il vraiment nécessaire, en plein naufrage, de forcer le capitaine à sauter du navire ?
On devrait plutôt admirer d’une certaine façon le courage de ces centaines de milliers d’électeurs de gauche qui ont bravé les frimas pour se livrer à cet exercice démocratique mais parfaitement inutile.
Les électeurs de droite, allèrent voter pour élire le futur président de la république. Envoyer le dangereux maire de Bordeaux à la retraite valait le détour par un bureau de vote. Il y a cinq ans c’étaient eux les électeurs de gauche qui devaient se déplacer pour quelque chose. Choisir l’habile manœuvrier de Tulle ou la grossière dame des trente-cinq heures, n’était pas anodin dans la partie d’échecs que proposait Sarkozy. Mais cette fois-ci l’heureux vainqueur aura la lourde tâche de se faire concasser entre l’homme aux 150 couvertures de presse, la créature des médias qui comme le Golem échappe à ses créateurs et l’hologramme de Georges Marchais, un stalinien 2.0, qui amuse les foules avec une efficacité dévastatrice.
Dans ces circonstances, une fois encore, étonnons-nous qu’il y ait eu tant de monde pour aller voter. Et ils ont voté pour le plus démago, le plus léger, le plus caricatural, une espèce de Hollande en maigre, avec la même petite voix, la même culture superficielle, la même absence totale du sens des réalités, la même méconnaissance du monde: Benoit Hamon, celui que Martine Aubry surnommait avec une affection mêlée d’un brin d’ambiguïté, le petit Ben.
Dans cette campagne, Hamon semble l’homme d’une idée : le revenu universel. Une idée tellement stupide qu’il semble vain de vouloir la combattre. 350 milliards pour les uns, 450 pour les autres, 40 au début, 300 ensuite, cela importe peu. Il y a donc environ 600 000 votants qui se sont fait plaisir avec ça, 600 000 hommes et femmes pour croire à ces fariboles. Cela n’est pas très significatif finalement, il y a bien des gens, nombreux, pour croire au créationnisme ou au dessin intelligent. Si ça les amuse après tout.
Mais passé le gros coup démagogique qui permet à ce qui reste d’électeurs socialistes de passer un bon dimanche soir en se prenant pour Jaurès, il faut tout de même se poser la question : de quoi Hamon est-il le nom, pour paraphraser Alain Badiou ? Et quand on soulève le couvercle, le petit Ben n’est pas très ragoutant.
Qu’on lui présente le reportage de France 2 à Sevran qui montre que des cafés sont interdits aux femmes, au titre que « ici c’est comme au bled », ce qui a le mérite de la clarté, il répond que «Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n'y avait pas de femmes…». Ce parallèle est tout à fait odieux. D’autant plus que le petit Ben poursuit en attaquant la République qui est d’après lui responsable des difficultés posées par «l'inégalité et la contrainte». Ce faisant il reprend ce qu'il avait écrit en 2005 dans un article publié dans Libération (1), où il présentait le communautarisme comme une réaction au racisme toléré par la république. Eh oui cher Ben ce sont toujours les femmes qui incitent les violeurs à passer à l’acte et c’est la société qui produit les criminels.
Elu d’Evry, Valls n’a jamais pactisé avec les islamistes, élu de Trappes, le Molenbeek français d’après le ministère de l’intérieur, avec ses dizaines de djihadistes partis en Syrie, dont la moitié a eu la délicatesse d’y trouver une sépulture, Hamon a toujours cultivé l’équivoque avec ces mouvements, tout comme le maire PS, Guy Malandain, dont la mandature a été plus que généreuse avec les multiples institutions contrôlées par les frères musulmans. Les 72% obtenus dans cette ville par Hollande en 2012, ont montré qu’ils n’avaient pas affaire à des ingrats. A son tour le député Hamon a montré qu’il savait renvoyer l’ascenseur, signant fin 2014, un projet de résolution pour la reconnaissance d’un État palestinien qui n’avait d’autre but que de récupérer l’électorat des banlieues. Manuel Valls avait d’ailleurs fait une remarque pleine de justesse : « Il devrait appeler ça “la résolution Trappes”. S’il croit qu’ainsi il aura plus de chances d’être réélu en 2017… ». 2017, nous y sommes, les roucoulements de ce matin sur France-Inter à l’adresse de la communauté musulmane, ce communautarisme heureux que semble esquisser Hamon, montre que Valls avait vu juste.
Mais, si démago soit-il, Hamon n’est pas un adversaire digne de ce nom. Comme Hollande il est plus un symptôme qu’un virus. Le combattre n'apporte rien, c'est la racine du mal qu'il faut attaquer. Mais il est néanmoins, l’un des plus beaux exemples de ce que peut produire la politique professionnelle. Un homme sans valeur, sans profondeur, sans épine dorsale, sans culture, sans rigueur, un petit discoureur totalement inutile à son pays.
Le petit Ben gagnera peut être la primaire socialiste, cela est d’une importance toute relative, puis il rejoindra les poubelles de l’histoire avec le parti de François Mitterrand qui aura été assassiné par la génération Hollande mais dont il lui reviendra de débrancher le respirateur artificiel.
(1) http://www.liberation.fr/tribune/2005/11/07/le-communautarisme-a-bon-dos_538106