Être laïque
Alors que la gauche risque de se vouer aux démons d’un démagogue de pacotille, qui est prêt à tous les compromis et à toutes les compromissions avec les islamistes, il est bon de revenir aux fondamentaux et de relire nos vieux maîtres.
Ernest Lavisse écrivait en 1902, trois ans avant les fameuses lois qui ont permis d’installer définitivement la République dans notre belle nation, le texte suivant :
« Être laïque, ce n’est point interdire à l’homme le rêve et la perpétuelle recherche de Dieu, c’est revendiquer, pour la vie présente, l’effort du devoir. Ce n’est point violenter, ce n’est point vouloir mépriser les consciences encore détenues dans le charme des vieilles croyances. C’est refuser aux religions qui passent le droit de gouverner l’Humanité qui dure. Ce n’est point haïr telle ou telle Église, ou toutes les Églises ensemble. C’est combattre l’esprit de haine qui souffle parfois des religions et qui fut cause de tant de violences, de tueries et de ruines, et dont on peut dire que, dans toutes les religions positives, il a toujours, partout, favorisé un rétrécissement de l’univers ; Être laïque, ce n’est point consentir la soumission de la raison à un dogme immuable, ni l’abdication de l’esprit humain devant l’incompréhensible. C’est ne prendre son parti d’aucune ignorance, ni d’aucune misère. C’est ne point permettre à un juge siégeant par-delà la vie, du soin de rassasier ceux qui ont faim, de donner à boire à ceux qui ont soif, de réparer les injustices et de consoler ceux qui pleurent. C’est livrer bataille au nom de la justice. »
Un tel texte se passe de commentaire. Il pourrait être appris par cœur et récité dans les écoles, cela ne pourrait faire que du bien. Je me permets tout de même d’en souligner quelques passages.
Être laïque, ce n’est point consentir la soumission de la raison à un dogme immuable, ni l’abdication de l’esprit humain devant l’incompréhensible.
Ici Lavisse retrouve Spinoza qui dans le chapitre XV du Traité Théologico-politique, a clairement établi que la philosophie ne relevait pas de la même rationalité que la théologie et que par là-même, la raison ne devait en aucune manière se soumettre au dogme. La raison ne peut se soumettre qu’à elle-même, c’est-à-dire au principe de non contradiction, de logique et d’honnêteté intellectuelle en particulier au principe de réalité. Penser avec Lavisse, c’est, s’éviter de se laisser abuser par la pensée dogmatique et ses manœuvres d’étouffement.
C’est ne point permettre à un juge siégeant par-delà la vie
S’il n’y a pas de blasphème en France, c’est bien parce que celui qui siège, hypothétiquement, par-delà la vie, ne peut pas venir témoigner à la barre d’un tribunal par lui-même, et que les tribunaux n’acceptent pas qu’il se fasse représenter par l’un de ses truchements. Notre père qui êtes aux cieux, restez-y, dit Prévert.
C’est combattre l’esprit de haine qui souffle parfois des religions et qui fut cause de tant de violences, de tueries et de ruine
Cette phrase résonne de façon terrible dans notre époque. Tuerie, voilà bien la meilleure description de ce qui s’est passé au nom d’un dieu au Bataclan. Il faut combattre sans trêve l’esprit de haine qui règne dans une certaine religion jusqu’à ce que celle-ci capitule sans condition devant la république. Alors et alors seulement, elle pourra y prendre sa place. Ne pas combattre cet esprit malin, en nier l’existence pour ne pas le combattre comme on l’entend à longueur de journées dans les débats entre politiciens, entre « spécialistes », c’est tout simplement lui permettre de se propager et de produire de temps à autre et selon son propre calendrier : tueries et ruine.
Refuser aux religions qui passent le droit de gouverner l’Humanité qui dure
Oui il faut refuser aux religions et en particulier à celle que servent les islamistes, le droit de gouverner l’Humanité, même le sous-ensemble que constitue ses affidés, le droit de régenter l’espace publique, le droit de régenter les mœurs et les consciences, le droit de contraindre la liberté de parler et de penser.
Il faut lui refuser ces droits avec la plus grande fermeté au nom de la liberté, au nom de l’unicité de l’Homme, au nom du droit des nouvelles générations à épouser ou non une religion, à suivre ou non les habitudes de leurs parents, à coucher et fonder une famille avec qui elles souhaitent, à aller où bon leur semble et à être maitre de leur vie. Il n’y a entre soi-même et les lois de la République aucun étage intermédiaire. Nous sommes libres, nous sommes égaux et nous ne nous soumettons à rien d’autre qu’aux lois de la République.
Et si une religion ne peut tolérer de se voir dépouillée du droit de gouverner l’humanité, alors elle devient l’ennemi de la République et doit être traitée comme telle.