La la Land
La comédie musicale est de retour. Ces films où tout va bien, où les amoureux roucoulent leurs bluettes dans un univers aux couleurs pastel trouvent un écho tout à fait singulier dans le petit monde politique français : la primaire socialiste ou plus exactement de « la belle alliance populaire ».
A regarder deviser et débattre ces enfants sages – il est certain que conserver le gros Gérard Filoche parmi ces visages poupins eut été picturalement désastreux– on est heureux de constater qu’il y a encore des gens heureux en France : les politiciens.
La France n’est pas un pays où les zones de non droit prolifèrent comme des métastases, ce n’est pas un pays dont l’état engloutit 57% du PIB, ce n’est pas un état où le chômage dépasse les 10%, pour atteindre presque 25% chez les jeunes, ce n’est pas un pays dont le déficit du commerce extérieur oscille entre 60 et 70 milliards d’euros suivant les années, ce n’est pas un pays qui se désindustrialise, qui a perdu 10% de PIB relatif par rapport à l’Allemagne en 10 ans, ce n’est pas un pays qui a compté 250 morts du fait du terrorisme en 18 mois, ce n’est pas un pays où l’éducation nationale est en pleine débandade, qui est fui par ses élites lesquelles sont numériquement remplacées par de la main d’œuvre non qualifiée venant du tiers monde et en particulier d’Afrique. Non ce n’est pas ça la France, c’est un grand pays, un pays qui va faire entendre sa voix, la faire entendre à Trump d’abord, à Merkel aussi, un pays qui va rebâtir l’Europe, qui en a bien besoin, et qui va éclairer le monde, qui n’attend que ça. Quant aux électeurs de gauche, eux qui ont porté un fantôme à la tête de la nation, lequel n’a même pas été capable de se présenter à la primaire, qu’ils soient fiers, fiers de quoi, c’est assez difficile à déterminer, mais fiers tout de même.
On leur a parlé des difficultés de l’éducation lors du second débat. Ils ont répondu à l’unisson, Peillon en tête, que tous les problèmes étaient sociaux. Ce ne sont certes pas les méthodes pédagogiques ridicules qui ont transformé l’Ed-Nat en machine à décerveler, ni la démagogie des chiffres -80% d’une classe d’âge- ou le collège unique qui ont emporté les professeurs sous le flots des élèves, ni les théories absurdes – l’enfant au centre entre autres – qui ont détruit l’autorité professorale. Non tout est social, tout se résoudra par « plus de moyens ».
On leur a parlé de la Syrie lors du troisième débat. Ils ont répondu, Hamon et Montebourg en tête, que Bachar El Hassad n’était pas un interlocuteur. Sont-ils au courant seulement que les Russes, les Turcs et les Iraniens se sont entendus il y a un mois en l’absence des Américains et des Européens? Il ne semble pas! Ils parlent encore en effet, de la « position de la France au Moyen-Orient », qui n’existe plus que dans les livres d’histoire. Ils osent même citer la grotesque conférence internationale qui s’est tenue sur le sujet la semaine dernière à Paris en l’absence des Israéliens. Ils ont sans doute encore dans leur bureau ou du moins dans leur esprit, ces vielles planisphères où se trouvaient d’immenses tâches roses titrées AEF, AOF, Indochine...
On leur a demandé de proposer en une minute une idée novatrice : deux sur sept ont parlé de la fin de vie, un des autistes, un du service national obligatoire, les trois autres bredouillant de façon inaudible. L’avenir est à nous !
Sur l’économie, tout ce qui ressort de leurs élucubrations c’est un fort tropisme pour le protectionnisme. Européen d’abord, alors que nos principaux concurrents en terme de délocalisation sont européens : les « pays de l’Est » pour les usines, la Belgique, la Suisse et l’Angleterre pour les gens fortunés. Français pour monsieur Montebourg qui semble oublier que d’une part notre économie intégrée - nous consommons ce que nous ne produisons pas et inversement - ne permet plus le protectionnisme et que d'autre part et surtout, nous ne sommes pas les USA, premier marché mondial, premier inventeur de technologie, premier ou second producteur d’énergie suivant les années, un monde en soi ; oser comparer 330 millions d’Américains en pleine santé économique à 65 millions de Français décadents est une insulte à la raison. Quant au protectionnisme en tant que tel, élevé comme seul réponse à la mondialisation, rappelons aux sept nains que Sparte n’avait pas de murailles, Sparte avait des Spartiates pour la défendre. Il en va de même pour l’économie, qu’on la libère, qu’on arrête de la saigner pour nourrir un état monstrueusement adipeux et elle saura se défendre sans avoir besoin de barrières douanières.
Quant à la sécurité, on tombe des nues : rien sur les zones de non-droit, rien sur le terrorisme islamique, rien sur les salafistes qui en sont les fourriers, rien sur les frères islamiques, rien sur l’UOIF qui n’est que la vitrine commerciale comme Terezin était un camp modèle et rien surtout sur nos 250 morts.
Pris entre l’hologramme de Georges Marchais et la réincarnation de Giscard, les sept nains semblent s’être donné pour seul objectif de distraire le peuple, mieux vaut aller voir La la land.