Symptôme, maladie, syndrome.

Publié le par Jean Dampierre

Piégé alors qu’il se voyait gagnant, le vainqueur des primaires de la droite et du centre, suit la stratégie de tout homme politique en de telles circonstances, celle-là-même qu’avait choisie monsieur Cahuzac: il nie, vocifère, témoigne de son innocence, de sa bonne foi, il invoque un complot, de sombres manœuvres, ourdies par des puissances obscures. Il oublie qu’il est le principal artisan de son propre malheur et que son entêtement ne conduit qu’à amplifier ses difficultés, qu’à transformer une défaite en déroute. Il retrouve ainsi un des grands mécanismes de la tragédie : le refus obstiné du héros d’admettre ses erreurs passées et tout simplement, la situation présente. L’entreprise apprend une chose, les erreurs se paient, elle l’apprend souvent « the hard way », il faut voiler se principe une ou deux fois pour apprendre à la respecter à la lettre.

Pour ceux qui connaissent l’économie très fragile d’une revue, il est clair que 100 000 euros sur deux ans pour quelques réunions stratégiques et quelques fiches de lecture ne peuvent que traduire un emploi de complaisance. D’autant plus qu’il s’agit d’une revue qui n’a que 8500 abonnés. Le milliardaire qui la finance pourra tenir autant qu’il veut la position, il est clair que personne ne sera abusé et certainement pas les juges. Il en va de même, pour les salaires reçus au titre d’assistante parlementaire, qui sont au-dessus du marché, pour des prestations qui sont tout sauf évidentes, et des montants versés aux enfants, futurs avocat, quand on sait les difficultés à travers lesquels doivent passer les jeunes avocats, stages non rémunérés, emplois précaires et j’en passe; tout cela mis bout à bout, choque, écœure les français. Et au surplus, la bénéficiaire de telles libéralités, obtenues sur l’argent public, ne se donne même pas le mal de jouer le jeu, elle est muette, pire, quand elle s’est exprimé, c’est pour dire haut et fort, qu’elle n’a jamais fait ce pour quoi elle a reçu des feuilles de paye pendant 10 ans.

Quousque tandem abutere Catilina, patientia nostra.

En face, l’air bonace du chef de « la belle alliance » rassure d’une certaine façon. Tenant pour vrai le grand et seul principe de la City, si vous êtes un crétin soyez honnête, si vous êtes un escroc, soyez intelligent, la probité du candidat semble assurée. Mais quand on sait que son premier et principal employeur fut le parti socialiste, qu’il a commencé par les jeunesses socialistes et l’Unef-ID à la grande époque de la MNEF et des arrangements de l’Unef-ID, dans la grande tradition des Cambadelis et des Dray, rien n’est moins sûr. Il serait intéressant qu’un journaliste d’investigation se penchât sur les missions et fiches de poste auxquelles correspondaient les bulletins de salaire du PS. De même, il ne serait pas absurde de déterminer dans quelles circonstances il est parvenu au comité de direction de l’institut Ipsos, sans la moindre compétence statistique et sans aucune expérience dans le domaine en dehors de l'utilisation qu'il pouvait en avoir. Mais entre-t-on au board de Peugeot parce qu’on utilise fréquemment une voiture ? Mais monsieur H2 a pour lui d’être un gibier de catégorie inférieure. On ne décharge pas son fusil sur un lièvre quand on est sorti traquer le cerf. Le canard enchaîné le laissera en paix.

Le vainqueur de la primaire de la droite n’est pas une victime. Comme monsieur Hollande, il est un symptôme. Le symptôme d’une maladie de la démocratie française: sa politique professionnelle. Ensemble et avec beaucoup d’autres, ils constituent le syndrome français, la preuve que cette politique professionnalisée, « carriérisée », dans laquelle les « professionnels » rentrent à 25 ans et dont ils sortent à 70, n’ayant jamais vu la vie réelle, n’ayant jamais connu les vraies difficultés des français, ne vivant que de frais, de prébendes, d’aides, de largesses, jamais ou très rarement d’un véritable travail, conduit à la catastrophe. Pour s’enrichir, comme le maire de Levallois, ou simplement pour avoir quelque aisance, comme le candidat, il faut « combiner », trouver des expédients, jouer avec les lignes de l’éthique quand ce n’est pas avec celles de la loi. C’est un système pervers. C’est ce système qu’il faut changer. C’est ce système qui fait tout pour se défendre en interdisant de parole les candidats citoyens ou en créant de faux candidats citoyens qui sont dans le pire des cas, des Bonaparte de pacotille.

Que fera le candidat ? Deux options s’offrent à lui : se retirer ou avouer tout et mettre toutes les pièces du dossier sous les yeux des français. Pour son camp, le mieux est que, ce qu’il a à faire, il le fasse vite.

Il reste que la France en a assez de cette politique. Les français ne sont pas tous des lâches ou des imbéciles croyant aux lendemains qui chantent. Ils sont courageux, ils sont conscients des difficultés dans lesquelles s’est enfoncé notre pays, ils sont prêts à faire des sacrifices, que ce soit pour rétablir l’ordre républicain, pour remettre de l’ordre dans nos finances ou pour régénérer notre économie. Ils savent que cela se fera avec du sang et des larmes, mais ils ne peuvent suivre des gens qui ne sont pas exemplaires, ils ne peuvent suivre des gens dont ils ne doutent pas. Les français sont comme tout le monde, comme les soldats de 14, ils ont besoin d’admirer et d’aimer leur chef.

C’est tout le contraire que nous propose la politique professionnelle. C’est pourquoi, même s’il est trop tard, même si la situation semble désespérer, il nous faut un candidat citoyen, un vrai.

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