Jupiter le petit

Publié le par Jean Dampierre

Jupiter en famille (Mignard et Nocret)

Jupiter en famille (Mignard et Nocret)

Invoquant la parole donnée, les enjeux vitaux mainte fois exposés, un général répondit avec franchise aux députés qui l’auditionnaient à huis clos. Une humiliation publique conduite par un homme qui se prend pour Jupiter fut la récompense de son honnêteté intellectuelle.

Pour un politicien professionnel, qu’il se prenne ou nom pour un dieu qui avait son temple au Capitole, lequel est proche de la roche tarpéienne, le courage, la franchise, l’honneur, la loyauté, la droiture, qui définissent l’Homme, ne sont que des mots sans signification, ces mots sans importance que les dictionnaires de l’ENA, définissent comme vieillis ou inusités, ils ne comprennent et n’attendent que servilité, avidité, ambition, vénalité, obéissance, complaisance.

Le général de Villiers, a commis la même erreur que le général Soubelet il y a 4 ans -et que tout le monde a oublié, tant notre monde du présent et de la communication est a-mémoriel-  il a cru de son devoir de s’exprimer avec franchise devant la représentation nationale, il a même cru que la notion de confidentialité avait du sens. Las, les commissions parlementaires ne sont que des lieux de bavardage politique, en tous points semblables à des cafés du commerce, que le cheptel ait été renouvelé ne change rien à l’affaire, et la confidentialité n’est pas plus respectée par les députés que par les juges. La même erreur, entraine peu ou prou la même sanction. Le pouvoir tolère les zones de non-droit, la culture ou l’élevage en batterie des islamistes, la délinquance à tous les étages de la nation, il ne supporte pas la vérité, surtout dans la bouche des militaires. L’un fut muté en outremer, le second humilié publiquement et contraint à la démission, ce qui est une version moderne de la pratique du suicide commandé si chère aux romains de l’empire, ceux-là même qui pratiquaient le culte de Jupiter.

Voilà pour la forme. Sur le fond, le gouvernement et parmi ceux-ci le principal collège du pseudo fils de Saturne, ont outrageusement truqué les comptes, au point de laisser un trou de 5 milliards, ce que la Cour des Comptes qualifie de « comptes insincères » et qui dans le privé vaut une procédure pénale et aux Etats Unis une belle tenue orange. Pris entre l’éventualité d’une fessée allemande et un plan de rattrapage désespéré, coupant à la hâte dans les investissements comme l’avait fait son prédécesseur, le pseudo-mari de Junon a choisi la seconde option avec le mot d’ordre suivant : « tout le monde doit contribuer ».

Ce mot d’ordre, appliqué avec un discernement plus que douteux par ses séides, car il n’y a dans la Jupiterie qu’un cerveau à la « pensée complexe » et une armée de nervis, porte différentes erreurs et une grande perversité.

D’abord il fait comme si tous les services de l’état étaient en mesure de contribuer de la même façon alors que certains ont déjà subi une cure d’amaigrissement plus que raisonnable et que d’autres baignent toujours dans leur graisse. L’armée a été le seul ministère à réussir sa transformation. Le général de Villiers qui  de 2010 à 2014, en tant que major-général - numéro deux de l'EMA a dû accompagner la réduction des budgets et des effectifs prévus dans la loi de programmation militaire (LPM), le sait mieux que personne. D’autres ministères, en particulier le mammouthesque ministère de l’éducation nationale, continuaient de voir leurs dépenses augmenter.

Ensuite il passe allégrement sous silence que le « tout le monde » va se limiter à l’état régalien, il ne va nullement toucher l’état providence. L’armée va être attaquée et supporter à elle seule 15% du plan d’urgence, ce qui en fait le principal contributeur, la justice, la recherche, vont contribuer au plan d’économies et même cette chère Ednat, pour 40% de ce que doit consentir l’armée cependant, elle qui constitue le premier budget de l’état. Mais le RSA va-t-il contribuer ? La CMU va-t-elle être revue à la baisse ? Les aides au logement diverses et variées vont-elles être intégrées dans le plan où « tout le monde doit contribuer » ? Rien de tout cela ! L’état providence va continuer de déverser les milliards d’euros qu’il n’a pas.

Quant à nos militaires, peu importe s’ils combattent avec de vieux blindés, avec de vieux fusils, avec des dotations en munition étiques, peu importe s’ils doivent payer de leur poche certains accessoires pour accomplir leur mission, peu importe si, au final, ils meurent.  Cela, un général fort de 43 ans de service actif, n’a pu le supporter, il l’a dit en respectant la confidentialité, les formes, les règles de courtoisie. Mais c’était encore trop pour Jupiter le petit, qui n’a pu se satisfaire de rien moins que sa tête.

Comme le dit Ernst Jünger, dans les Falaises de Marbre, en évoquant la mort du prince Sunmyra, c’est sur le sacrifice des hommes d’exception que survivent et se reconstruisent les nations. Le général de Villiers, dans la loyauté et la fidélité, a montré la voie de l’honneur et de l’intérêt supérieur de la nation.

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