Panique à Bercy

Publié le par Jean Dampierre

A mon ami Gourcuf

ceci n'est pas un porte-avions

ceci n'est pas un porte-avions

 

Sarkozy et Chirac avaient rêvé de le faire avec Alsthom, Jupi l’a fait pour la STX. Pour Alstom, il s’agissait d’un pan entier de notre industrie, de compétences exceptionnelles dans les turbines à gaz ou les alternateurs, pour STX il s’agit d’un actif de 80 millions d’euros, consistant essentiellement en un chantier naval disposant d’un savoir-faire avéré en matière de … navires de croisière. N’y-a-il pas un peu de sur-réaction ?

            Pour couronner le tout, cela se fait en revenant sur la parole du gouvernement précédent. Monsieur H n’était certes pas une lumière, mais enfin il représentait tout de même la France. Nous avons changé de chef de l’Etat, a-t-on changé de régime ? Va-t-on avoir droit à une ordonnance du 9 août abolissant les décisions et lois du régime précédent pour bafouer ainsi la continuité de l’Etat et le respect de sa parole ?

            Mais dira-t-on, c’est l’Italie. Combien de divisions ? Eh bien, à peu près autant que nous. A peu près le même PIB aussi, la même culture, l’état européen qui nous est le plus proche avec la Belgique. C’est sans doute pour cela que le gouvernement actuel se plait à leur marcher sur les pieds, lui qui la semaine passée a tenu un sommet entre libyens sans même inviter le gouvernement italien. Maintenant, on prend plaisir à les braquer pour 7% du capital de STX alors que Fincantieri est propriété de l’état italien à 66%. Est-il donc impossible de négocier sans grandiloquence et de s’entendre entre états de vieille civilisation européenne? N’a-t-on plus de diplomates en France qui nous évitent ces gesticulations ridicules ?

            Car lorsqu’on en vient à nationaliser de peur qu’un état voisin et ami ne prenne le contrôle d’un chantier naval, c’est bien de diplomatie qu’il s’agit ou de sa méconnaissance.

            Prenons un peu de recul, il y a quelques mois, c’était en décembre dernier, Amundi, la gestion d’actifs du Crédit Agricole (ex Crédit Agricole Asset Management) a pris le contrôle de Pioneer, la première société italienne de gestion d’actifs (et de gestion de fortune), filiale d’UniCredit.  Une opération à 3,5 milliards d’Euros concernant 1200 milliards d’actifs sous gestion. A-t-on entendu toner la Castafiore dans les couloirs de la Scala? A-t-on vu les bersaglieri manœuvrer dans le val d’Aoste avec leur pas de gymnastique inimitable ? Quand le luxe Italien est passé, société après société, en particulier Gucci, dans les mains des duettistes français, a-t-on entendu sonner le tocsin dans les campaniles toscans ?

La France poujadiste et clochemerlesque soutiendra cette décision inconséquente, elle aura tort.

            Si nous voulons gagner, il faut savoir perdre. Gagner au GO ce n’est pas posséder tout le territoire, c’est posséder un peu plus de territoire, ce n’est pas tuer l’adversaire, c’est vivre mieux que lui. On ne peut considérer comme normal qu’une entreprise française achète une entreprise italienne et être choqué quand le contraire se produit. D’autant plus que s’il y a bien un peuple avec lequel on peut s’entendre et toujours s’arranger, c’est bien les italiens. Jupi-le-petit sait-il négocier ? Certes, trouver une solution avec un état qui est à peu près de sa force, est un peu plus compliqué que d’envoyer un général à la retraite, fût-il un grand soldat.

            Mais le drame avec les erreurs, c’est qu’elles s’enchainent ! Jupi avait initié toute cette histoire par simple caprice, jusqu’à se mettre dans le piège de cette « nationalisation provisoire », voilà que maintenant il envoie son fidèle Ganelon négocier à Rome et proposer … la création d’un Airbus de l'industrie navale ! Et là ça semble évident, c’est le genre de projet qu’il faut construire dans l’improvisation d’un week-end ! Qu’apporte-t-on à l’Italie qui maîtrise déjà 40% du marché mondial des navires de croisières, c’est très simple : l’industrie navale militaire.

            Le gouvernement français se retrouve expérimenter un  phénomène bien connu : la seconde erreur est bien pire que la première. Car ici, dans les navires de guerre, il y a du savoir-faire. Là, il y a de la valeur. Là il y a des intérêts stratégiques. Car si les chantiers navals italiens sont excellents pour la croisière, ils ne tiennent pas la mer pour la guerre. Qu’on regarde simplement le Cavour, navire amiral italien, soit disant porte-avions, qui ressemble à un porte-aéronefs russe ou chinois, avec sa piste avant relevée par manque de maîtrise de la technologie de la catapulte et qu’une erreur de conception empêche d’être efficace. Comme le dit wikipedia : « Le Cavour emporte au maximum vingt-deux aéronefs. Cependant comme son hangar aéronautique est limité (NDLR : c’est ballot!), la dotation standard est de cinq (sic !) avions d'attaque au sol (NDLR : c’est-à-dire pas des avions de chasse !), trois hélicoptères pour la lutte ASM, antisurface, et transport et un hélicoptère pour les missions de sauvegarde pendant les manœuvres aériennes ». Qu’on le compare au Charles-de-Gaulle qui lui dispose de la propulsion nucléaire et embarque 36 Rafales, et on comprendra la différence des savoir-faire. Et s’il est besoin d’un autre terme de comparaison, qu’on cherche dans la marine italienne, l’équivalent du Mistral.

            Comme un joueur qui essaie de se refaire et refuse d’accepter sa perte, Jupi engage sa montre, mais sa montre c’est la nôtre ! L’industrie militaire c’est la nôtre ! C’est notre savoir-faire, notre excellence, notre avenir qu’il engage par pure vanité.

 

ça c'est un porte-avions

ça c'est un porte-avions

Publié dans politique

Partager cet article

Repost0

Commenter cet article