In memoriam gallica exercitus.

Publié le par Jean Dampierre

In memoriam gallica exercitus.

 

L’état : un grand bal costumé

Dans les séminaires d’entreprise, la mode est au ludisme. On met les cadres en cuisine, sur un terrain de sport, et même dans l’ancien atelier de Marcel Duchamp.  Il n’est pas rare qu’ils repartent de ces petites vacances avec des portraits d’eux en cuisinier, veste blanche et toque, alors qu’ils ont de la peine à faire un œuf sur le plat ou même en rugbyman alors qu’ils n’ont jamais eu les moyens physiques de faire ou subir un plaquage.

Le pouvoir politique n’est pas insensible aux charmes des déguisements. Telle Marlène Dietrich dans la reine rouge, certains, qui n’ont jamais goûté au mâle plaisir de la planche irlandaise, ou de la course avec sac F1, dument rempli, et arme au côté, aiment à revêtir l’uniforme. Les journalistes semblent apprécier ce goût du travestissement qui parlent de « top gun » à Istres et de « James Bond » sur le Terrible.

C’est ainsi qu’après avoir procédé à l’élimination administrative, à défaut d’être physique, de tout l’état-major, le président français, souhaite se lancer dans une opération de séduction visant à reconquérir les militaires. Ceux-ci seront-ils assez stupides pour y succomber, c’est leur affaire.

Au moins, la sortie de monsieur Castaner, continuant d’accabler un homme remarquable, par des arguments de caniveau, aura-t-elle eu, de par sa vilénie-même, l’intérêt de prouver que les gesticulations transformistes du Chef des Armées, ne sont rien moins qu’un simulacre.

La mort Artu

Une majorité de Français a délibérément cessé de penser et décidé de se laisser charmer par la forme et l’efflorescence de la communication, aidée par des médias dont la capacité d’empathie et d’enthousiasme à l’égard du pouvoir est absolument merveilleuse.  Mais il n’est pas interdit de regarder la réalité telle qu’elle est et de comprendre la trajectoire qui est imposée à la nation. D’autant que, comme tous les malfaisants de l’histoire, le pouvoir actuel a écrit ce qu’il allait faire.

Le programme d’EM dit qu’il s’agit d’européaniser l’armée française. La dernière fois que certains ont voulu faire une armée française au service de l’Europe, c’était le 8 juillet 1941, il s’agissait déjà sur le fond de la vieille amitié franco-germanique, de combattre un ennemi commun, le bolchévisme.  Européaniser l’armée française, porte un nom, c’est la détruire, c’est mettre ses lambeaux au service de l’allemand, c’est la collaboration. Tout patriote refusera d’entendre un mot de plus d’un discours qui propose d’européaniser l’armée française. Tout patriote comprendra, qu’une nation sans armée n’est plus rien qu’une province, même pas un protectorat.

Celle qui fut ministre de la défense de REM lors du premier gouvernement,  était comme l’actuelle, une femme de chiffres sans aucune éducation ni même culture militaire. Il va de soi que lorsqu’il s’agit de fermer une usine, nul n’est besoin d’un industriel, un financier ou un DRH, apte à négocier un plan social, suffisent. Dans son éphémère passage rue de Brienne, cette femme dont il est inutile de rappeler le nom a tout de même dit que pour une défense européenne il faudrait « casser certains pans de l’industrie de l’armement » (1). C’est malheureusement fort cohérent, l’armée et l’industrie marchent de pair, sans l’une pas d’autre, sans l’une pas besoin de l’autre. Plus de France, plus d’armée française, plus d’industrie de défense française, mais une industrie européenne, c’est-à-dire, pour ceux qui ont deux sous de lucidité : allemande. Et peu leur chaut si derrière les "restructurations nécessaires", des milliers d'ouvriers se retrouveront au chômage, sans métier, sans avenir. Comme disait R. Barre, "ils n'ont qu'à créer leur entreprise" (mais aujourd'hui, on dira plutôt: "qu'ils créent leur start up et deviennent milliardaires" alors qu'il y a deux siècles les mêmes mentalités disaient "qu'ils mangent de la brioche si le pain fait défaut").

Le simulacre, le cynisme, la haine de la patrie, ont été portés en triomphe par un peuple fatigué et trompé. Certains portent au pouvoir des dictateurs sanguinaires qui massacreront leurs voisins, d’autres des petits banquiers qui détruiront leur propre pays. De même que certains fous vont faire un carnage dans une école alors que d’autres choisissent de se suicider. Le terme commun c’est la folie.

Hélas, on ne détruit son industrie qu’une fois. On ne détruit son armée qu’une fois. On ne détruit sa nation qu’une fois. La table ronde ne se relève pas de la bataille de Sallesbierre que décrit magnifiquement La Mort Artu.

Le peuple français est sur la mauvaise voie, il est drogué,  inconscient, affaibli, lâche, malade. Saura-t-il contrarier les pulsions de mort et l’envie d’en finir qui se sont accumulées au point d’en arriver à ce spectacle navrant d’êtres béats allant à l’abattoir, Dieu seul le sait.

 

 

  1. il est souhaitable que nous achetions ensemble des matériels, ce qui oblige de casser certaines routines, certaines facilités industrielles aussi. Je l’assume. Si nous voulons faire l’Europe de la défense, il va y avoir des restructurations à opérer, faire des choix de compatibilité et, à terme, des choix qui pourraient passer dans un premier temps pour aboutir à privilégier des consortiums dans lesquels les Français ne sont pas toujours leaders

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